lundi 13 juin 2011

Les séquelles de l’ère Ben Ali

Alors vous me direz aujourd’hui nous sommes libres (bon ben on verra hein !) et blabla et vous avez toute ma compréhension, oui oui je vous assure ! Ceci dit vous conviendrez avec moi que 23 ans de Ben Ali ça laisse indéniablement des traces et non des moindres…
Nous savons tous que les mauvaises habitudes mêmes inoffensives (en apparence) ont la vie dure, comme quand vous apprenez à conduire pour la toute première fois et que votre prof (dans cet exemple, votre prof de conduite est NUL) vous apprend par exemple à appuyer à fond la caisse sur la pédale d'embrayage, ben à moins que vous ne fassiez un grand travail de désapprentissage / réapprentissage sur vous-même (et uniquement dans le cas où une personne bien intentionnée (ou un tout petit peu haj klouf (et oui vous ne rêvez pas, c’est bien une parenthèse dans la parenthèse dans la parenthèse !)) vous signale cette erreur) vous la commettrez toute votre vie à votre insu ou sciemment par habitude d’ailleurs…

Donc aujourd’hui nous sommes en convalescence après 23 ans de coma cérébral et le coma ça laisse des séquelles : duh !! (convalescence quel joli mot, ça me rappelle le mot convulsion, vous ne trouvez pas que c'est magnifiquement approprié?) Alors oui il y en a plusieurs, énormément, beaucoup trop et patati et patata, alors, je vais me concentrer sur quelques unes, pas forcément les plus importantes ou dévastatrices mais celles que je trouve pour ma part très agaçantes (genre à chaque fois que je les croise j’ai envie de casser quelque chose !!) et la gagnante du jour est - roulements de tambours brrrrrrrrrr (non pas de tatatatata) - les applaudissements intempestifs! Oh mon Dieu quoi ! Hein ? Ça ne vous agace pas vous aussi ?

Là aussi les exemples sont nombreux, trop nombreux pour que je ne les cite tous, mais comme je me dois d’étayer le fond de ma pensée je citerai quand même un exemple pour chaque séquelle.

Les applaudissements intempestifs

Nous, tunisiens, sommes connus universellement par notre chaleur et notre accueil que le monde entier nous envie (parait-il), et ce n’est pas les habitués du festival de Carthage – qu’ils soient artistes ou spectateurs – qui vous diront le contraire ! Nous aimons applaudir parce que – 1 nous voulons que les gens voient que nous faisons tout pour les mettre à l’aise (بش مبعد مايجيش يقول رانا ما فراحناش بيه أهوكا صفقنالو مليح مام سي الغناية دونية) et – 2 ben c’est comme ça le tunisien est bon vivant de nature et même qu’il peut applaudir et danser sur une chanson engagée qui parle de guerre, eh oui carrément ! (cf. l’incident avec Marcel Khalifa au festival de Carthage de je ne sais plus quelle édition).

Certes cet incident a eu lieu sous l’ère Ben Ali, mais plus récemment, mercredi dernier plus précisément, à la conférence de presse/discours du Premier Ministre/Président? (j’y reviendrai dans un autre post) Beji Caid Essebsi, lors de laquelle il nous a annoncé avec son tact et sa jovialité naturelle et pas une once d’arrogance quand un journaliste a OSE lui poser une question… mais ce n’est pas ce qui nous intéresse ici, ce qui nous intéresse c’est qu’à la fin de cette conférence de presse/discours lors de laquelle il nous annonçait le report de la date des élections de l’Assemblée Constituante au 23 octobre 2011, il y a eu, par je ne sais quel miracle, un tonnerre d’applaudissement qui a retenti dans la salle ! Pour comprendre mon désarroi il faut savoir que cette même salle réunissait «des partis politiques, des représentants de la société civile et des régions intérieures, des personnalités indépendantes et des syndicalistes de tous bords» qui - pour reprendre l’expression de webmanagercenter - ont été unanimes ! Non ? Vous ne comprenez toujours pas ?

Pour faire plus simple, gouvernement et partis politiques tunisiens et tous ceux que j’ai cité plus haut, pour la plupart en tout cas, nous ont bassinés pendant 5 mois avec la sacro-sainte date du 24 juillet, quand il y a de cela 2 à 3 semaines environs, un beau dimanche du mois de mai, si mes souvenirs sont bons, Mr Kamel Jandoubi, président de la haute Instante Indépendante des élections a proposé la date du 16 octobre en expliquant que l’instance en question n’était pas du tout en mesure de préparer convenablement les élections pour la date du 24 juillet, rien ne lui fut épargné et il a été traité par tous les noms ; de maçonnique (parce que oui il est binational donc c’est logique voyons !) à traitre en passant par un florilège de gros mots plus édulcorés les uns que les autres… Alors je vous épargne les détails de ce qui passé les jours suivant ce dimanche béni, en gros une bonne partie de pingpong entre ladite instance et le gouvernement avec comme balle bien sur le peuple (mardi le gouvernement dit que c’est le 24 juillet et que c’est son dernier mot, mercredi en fait non c’est juste une proposition du gouvernement, jeudi l’instance insiste sur la date du 16 octobre et ping, pong, ping, pong, jusqu’à ce qu’on arrive à ce fameux mercredi…) donc Mercredi ces mêmes partis politiques, indépendants balablaba qui étaient opposés, même farouchement pour certains, à la date du 16 octobre, accueillent l’annonce de la nouvelle date – encore plus tardive – avec des applaudissements !

Alors, moi, simple citoyenne, simple d’esprit, je me pose des questions, est ce qu’ils l’ont applaudit parce que pour eux c’était une bonne nouvelle ? Est ce parce que bon finalement ça sera comme ça et pas autrement donc autant s’en réjouir ? Peut être, mais peut être aussi se sont-ils inspirés du public de Carthage et n’ont pas voulu décevoir ce papy sympathique qui s’est produit devant eux, et ce même si sa performance n’était pas vraiment à la hauteur ? (voir plus haut l’exemple du festival de Carthage) ou alors, et finalement (et pour revenir au sujet principal !) est ce là une manifestation symptomatique des séquelles de cette benalite ô combien chronique sous une forme aigue (et qu’on souhaite donc passagère !!) ?

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